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L'Espéranto

Né d'un ghetto, il vit crescendo (ma non troppo) et de la concorde deviendra LE flambeau.

L'on y pensait au moins une fois l'an, et chaque fois qu'on le déghettoïsait, on avait peur de le pavoiser et peur qu'il fût disparu.

Il était bien là, pourtant, puisqu'il est maintenant partout.

Serti au départ dans son maigre mais quasi déjà "universel" lexique européen, il répond pleinement à toutes les attentes, tant ses affixes multiplient à l'infini ses richesses.

Que les subtilités scolastiques des langues naturelles me révulsent, il m'apparaît seule planche de salut. Quelques pages de Vikipedio, et ma bonne étoile verte m'a rasséréné. Si le monde injuste, dans la fière ignorance de ses maîtres à penser, le traite de volapük, je ne crains pas de l'estimer, aujourd'hui, autant que ma première langue.

D'ailleurs, j'oublie ces restes de pseudo-amicales vertes moqueries, et je te promeus de tout cœur, Espéranto !

On en essuie dans la vie qui font moins mal à la Raison.

Pourtant, jadis, j'ai manqué de discernement. Je le snobais et m'anglicisais, toute honte bue.

— Pauvre langue ! lui serinais-je, je ne veux pas te faire de peine, mais, dans ta longue espérance... Que tu te dupes !

Elle s'ouvrit à moi un beau jour, s'allégorisant et, jouant à belles dents les ingénues, me répondit avec un léger accent grec qui me prit sans vert :

— Kaj ci ?