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opajpoaj (მომხმარებლის პროფილი) 2 მარტი, 2017 22:28:18
¡ anachronismes en sus !
Inégalité des langages. – Danger de l'expansion de la nature intelligente et de la nature matérielle.
À quelle époque la parole disparaîtra-t-elle ? quels accidents en pourront suspendre les mouvements ? À Babel les abstruses ambages de la confusion indue furent substituées aux cristallines perspicuités de l'harmonie originelle : on passa de l'un aux indénombrables ; notre évolution s'accomplit en sens contraire : on incline à passer du multiple à l'unique, ou, pour ne spécifier aucun nombre, au médiocre ; cela ne s'effectuera pas sans difficulté.
Pour ne toucher qu'un point entre mille, la prévalence éducative, par exemple, restera-t-elle distribuée comme elle l'est ? La norme langagière née chez nous à Villers-Cotterêts avait pu adultérer cette prévalence en en tempérant la rigueur par la tolérance de singularités dialectales, comme elle avait changé l'obscurité latine en française clarté. Une gent parlante où des individus disposent de dizaines de milliers de mots, tandis que d'autres usagers, abécédaires, ânonnent à l'envi les pataquès, peut-elle subsister quand la kyrielle des registres n'est plus là avec ses galimatias sui generis pour justifier ... l'injustifiable ? Il y a des humains que leur parler laisse aux marches de l'humanité, faute d'un moyen d'expression pour étoiler leurs cerveaux lents ; il y a des groupes dont les membres sont réduits à tortiller des idées frustes leur vie durant faute de grammaire pour traduire leur animadversion. Que ne renaissent-ils au monde en adoptant la langue thaumaturgique du 'Doktoro' ! Celui-là voit papilloter ses fleurs de rhétorique, celui-ci ne possédera que les piètres hochets d'un amphigouri prêté à ses indigentes appétences par son patois natal. Or, comment ces hochets peuvent-ils féconder d'abondance des idées audacieuses à un timoré laissé-pour-compte ?
À mesure que l'instruction descend° dans ces classes inférieures, celles-ci découvrent la plaie secrète que fomente le désordre babélien. La trop grande disproportion des conditions linguistiques et des fortunes langagières a pu se supporter tant qu'elle a été méconnue, mais aussitôt que cette disproportion a été généralement aperçue, le coup mortel a été porté. Recomposez, si vous le pouvez, les fictions mythologiques, édéniques, paléohéroïques, archéoaristocratiques, pseudodémocratiques ; essayez de persuader au Béotien présent, lorsqu'il saura bien lire, bien écrire et ne bégaiera plus, lorsqu'il possédera le même bagage linguistique que vous, essayez de lui persuader qu'il doit se contenter de l'ubac, tandis que son voisin jouit de l'adret : pour dernière ressource il vous faudra modeler ses opinions en contrôlant précisément ce qu'il pense ou il vous le faudra complètement abrutir en occupant son temps de cerveau disponible.
Quand la vapeur sera perfectionnée, quand, unie au télégraphe et aux chemins de fer, elle aura fait disparaître les distances, ce ne seront plus seulement les marchandises qui voyageront, mais encore les mots et leurs idées rendues à l'usage de leurs ailes. Quand les barrières des langages et des cultures auront été abolies entre les divers États, comme elles le sont déjà entre les provinces d'un même État ; quand les derniers parlers en relations journalières tendront à l'unité des peuples par le truchement de l'uniformité langagière, comment reconsacrerez-vous glossolalement l'ancien mode de séparation ?
La parole, d'un autre côté, n'est pas moins menacée par l'expansion de l'intelligence qu'elle ne l'est par le développement de la nature brute. Supposez les cordes vocales comme le génie de nos langues condamnés au repos en raison de la multiplicité et de la variété des machines, admettez qu'un mercenaire unique et général, le transistor, remplace les mercenaires laryngal et plumeux : que ferez-vous de la parole délaissée ? Que ferez-vous des romans de l'oisiveté que fabrique une mécanique intelligence indolente à votre endroit ? La vigueur de l'intellection s'entretient par de sémillantes palabres ; la contention cessant, la pénétration disparaît ; nous deviendrions semblables à cette mellifère espèce, confinée dans son protolangage stéréotypé, et qui ne se peut défendre contre une main qui porte le gant et l'enfumoir. Ainsi la verve ne se conserve que par l'usage, parce que l'usage induit la création : retirez la malédiction prononcée contre les enfants de Babel, et ils périront dans les scies et les mèmes : In verbis oris tui, parabis futura. L'adversité post-native entre donc dans le mystère de notre sort ; la parole est moins l'esclave de l'homme qu'il ne l'est d'elle : voilà comme, après avoir fait le tour du phénomène langagier, après avoir passé les divers avatars, après avoir supposé des perfectionnements inconnus, on se retrouve au point de départ en présence de l'irréfragable réel qui fonde ce que nous sommes et devrions demeurer.
° descendre, comme une certaine manne, bien sûr ! (pas comme le baromètre)
source d'élucubration : ici & ici
Inégalité des langages. – Danger de l'expansion de la nature intelligente et de la nature matérielle.
À quelle époque la parole disparaîtra-t-elle ? quels accidents en pourront suspendre les mouvements ? À Babel les abstruses ambages de la confusion indue furent substituées aux cristallines perspicuités de l'harmonie originelle : on passa de l'un aux indénombrables ; notre évolution s'accomplit en sens contraire : on incline à passer du multiple à l'unique, ou, pour ne spécifier aucun nombre, au médiocre ; cela ne s'effectuera pas sans difficulté.
Pour ne toucher qu'un point entre mille, la prévalence éducative, par exemple, restera-t-elle distribuée comme elle l'est ? La norme langagière née chez nous à Villers-Cotterêts avait pu adultérer cette prévalence en en tempérant la rigueur par la tolérance de singularités dialectales, comme elle avait changé l'obscurité latine en française clarté. Une gent parlante où des individus disposent de dizaines de milliers de mots, tandis que d'autres usagers, abécédaires, ânonnent à l'envi les pataquès, peut-elle subsister quand la kyrielle des registres n'est plus là avec ses galimatias sui generis pour justifier ... l'injustifiable ? Il y a des humains que leur parler laisse aux marches de l'humanité, faute d'un moyen d'expression pour étoiler leurs cerveaux lents ; il y a des groupes dont les membres sont réduits à tortiller des idées frustes leur vie durant faute de grammaire pour traduire leur animadversion. Que ne renaissent-ils au monde en adoptant la langue thaumaturgique du 'Doktoro' ! Celui-là voit papilloter ses fleurs de rhétorique, celui-ci ne possédera que les piètres hochets d'un amphigouri prêté à ses indigentes appétences par son patois natal. Or, comment ces hochets peuvent-ils féconder d'abondance des idées audacieuses à un timoré laissé-pour-compte ?
À mesure que l'instruction descend° dans ces classes inférieures, celles-ci découvrent la plaie secrète que fomente le désordre babélien. La trop grande disproportion des conditions linguistiques et des fortunes langagières a pu se supporter tant qu'elle a été méconnue, mais aussitôt que cette disproportion a été généralement aperçue, le coup mortel a été porté. Recomposez, si vous le pouvez, les fictions mythologiques, édéniques, paléohéroïques, archéoaristocratiques, pseudodémocratiques ; essayez de persuader au Béotien présent, lorsqu'il saura bien lire, bien écrire et ne bégaiera plus, lorsqu'il possédera le même bagage linguistique que vous, essayez de lui persuader qu'il doit se contenter de l'ubac, tandis que son voisin jouit de l'adret : pour dernière ressource il vous faudra modeler ses opinions en contrôlant précisément ce qu'il pense ou il vous le faudra complètement abrutir en occupant son temps de cerveau disponible.
Quand la vapeur sera perfectionnée, quand, unie au télégraphe et aux chemins de fer, elle aura fait disparaître les distances, ce ne seront plus seulement les marchandises qui voyageront, mais encore les mots et leurs idées rendues à l'usage de leurs ailes. Quand les barrières des langages et des cultures auront été abolies entre les divers États, comme elles le sont déjà entre les provinces d'un même État ; quand les derniers parlers en relations journalières tendront à l'unité des peuples par le truchement de l'uniformité langagière, comment reconsacrerez-vous glossolalement l'ancien mode de séparation ?
La parole, d'un autre côté, n'est pas moins menacée par l'expansion de l'intelligence qu'elle ne l'est par le développement de la nature brute. Supposez les cordes vocales comme le génie de nos langues condamnés au repos en raison de la multiplicité et de la variété des machines, admettez qu'un mercenaire unique et général, le transistor, remplace les mercenaires laryngal et plumeux : que ferez-vous de la parole délaissée ? Que ferez-vous des romans de l'oisiveté que fabrique une mécanique intelligence indolente à votre endroit ? La vigueur de l'intellection s'entretient par de sémillantes palabres ; la contention cessant, la pénétration disparaît ; nous deviendrions semblables à cette mellifère espèce, confinée dans son protolangage stéréotypé, et qui ne se peut défendre contre une main qui porte le gant et l'enfumoir. Ainsi la verve ne se conserve que par l'usage, parce que l'usage induit la création : retirez la malédiction prononcée contre les enfants de Babel, et ils périront dans les scies et les mèmes : In verbis oris tui, parabis futura. L'adversité post-native entre donc dans le mystère de notre sort ; la parole est moins l'esclave de l'homme qu'il ne l'est d'elle : voilà comme, après avoir fait le tour du phénomène langagier, après avoir passé les divers avatars, après avoir supposé des perfectionnements inconnus, on se retrouve au point de départ en présence de l'irréfragable réel qui fonde ce que nous sommes et devrions demeurer.
° descendre, comme une certaine manne, bien sûr ! (pas comme le baromètre)
source d'élucubration : ici & ici