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opajpoaj (プロフィールを表示) 2017年5月16日 21:15:33
On s'était si souvent enquis, et depuis bien des lurettes, de quoi les espérantophones pouvaient bien rêver.
Muchés et mussées au plus profond de leurs coquecigrues, rencognés dans leur ostracisme, comme pétalisées dans une autre dimension, honnis, agonies, ces 'gesamideanoj' avaient l'air de cabaler, certes.
Mais contre ou pour quoi ?
Les défiants ne l'apprirent qu'assez tard. Au XXIe siècle seulement.
Au milieu de ce siècle, en effet, on constata avec quelque étonnement que plus aucun espérantophone ne se mêlait à quelque pitoyable et 'conviviale' conversation que ce fût. Les espérantophones s'étaient quasiment tus. À l'heure des linguicides et autres attritions, on n'en fit pas un drame. En fin de compte, les espérantophones n'avaient jamais été tellement bavards : sans doute ne trouvaient-ils plus rien à dire à présent.
Puis, plus tard, on releva un autre fait.
Plus singulier celui-là, beaucoup plus singulier : les espérantophones non seulement ne parlaient mais ne bougeaient presque plus.
Quelques-uns s'épanchaient évidemment par inadvertance, pressés par leur commerce facile, le plus souvent ; ou ébranlés en quelque âge par telle titillation libidino-calotine particulièrement jaculatoire. Mais tous et toutes semblaient s'être libérés du logos et de la praxis, comme si ces totémiques contraintes n'avaient plus existé pour eux.
Cette énigme, l'on mit longtemps à la percer.
Leur transfiguration était si naturelle, pourtant. Les espérantophones, depuis leur épiphanie boulonnaise, ne s'étaient jamais astreints, par la grâce de leur fulguration native, à se perdre, comme les autres hommes, en mille exercices d'aberrations grammaticales. Ils les avaient toujours laissé prendre leur plaisir sadique à leur propre assujettissement langagier en se procurant force dicos et mémentos pour, inéluctablement, tomber dans moult chausse-trapes... Eux, exemptés de tout achoppement, avaient toujours vécu dans une sorte d'ataraxie idéale, bien dosée, parfaitement harmonisée à leur verbe clair, mis au point depuis 1887, ne songeant qu'à mieux se concentrer, définitivement émancipés, entre autres, des incalculables paradigmes des conjugaisons, décantant à loisir leur entendement, quintessenciant leur intellection...
Les espérantophones avaient eu plus d'un siècle et demi de commodité pour s'exonérer des méandreux byzantinismes des langues naturelles. Ils avaient beaucoup pensé, en complète liberté, hors de tout carcan morpho-syntaxique volontiers tarabiscoté. Mais alors que les non encore dépouillés du vieil homme n'entendaient ni à hue ni à dia, pensaient à tort et à travers, au superflu de préférence, ou à telle langue iconique, à tout le moins monosyllabique, dont ils attendaient monts et merveilles, nonobstant foison de sonorités équivoques et le conditionnement décérébrant imposé par ces mots-cris, les espérantophones, eux, sans cesse, sans se laisser distraire, avaient muté, insoupçonnément. Car leur néocortex, insensiblement libéré et développé au cours des décennies, s'était enfin focalisé sur l'évolution suprême de l'humanité.
Et, comme des axolotls, faisant fi de leur néoténie, ils avaient, en télépathes et en télékinésistes, hardiment franchi l'ultime frontière.
...le texte inspirateur est ici...
Muchés et mussées au plus profond de leurs coquecigrues, rencognés dans leur ostracisme, comme pétalisées dans une autre dimension, honnis, agonies, ces 'gesamideanoj' avaient l'air de cabaler, certes.
Mais contre ou pour quoi ?
Les défiants ne l'apprirent qu'assez tard. Au XXIe siècle seulement.
Au milieu de ce siècle, en effet, on constata avec quelque étonnement que plus aucun espérantophone ne se mêlait à quelque pitoyable et 'conviviale' conversation que ce fût. Les espérantophones s'étaient quasiment tus. À l'heure des linguicides et autres attritions, on n'en fit pas un drame. En fin de compte, les espérantophones n'avaient jamais été tellement bavards : sans doute ne trouvaient-ils plus rien à dire à présent.
Puis, plus tard, on releva un autre fait.
Plus singulier celui-là, beaucoup plus singulier : les espérantophones non seulement ne parlaient mais ne bougeaient presque plus.
Quelques-uns s'épanchaient évidemment par inadvertance, pressés par leur commerce facile, le plus souvent ; ou ébranlés en quelque âge par telle titillation libidino-calotine particulièrement jaculatoire. Mais tous et toutes semblaient s'être libérés du logos et de la praxis, comme si ces totémiques contraintes n'avaient plus existé pour eux.
Cette énigme, l'on mit longtemps à la percer.
Leur transfiguration était si naturelle, pourtant. Les espérantophones, depuis leur épiphanie boulonnaise, ne s'étaient jamais astreints, par la grâce de leur fulguration native, à se perdre, comme les autres hommes, en mille exercices d'aberrations grammaticales. Ils les avaient toujours laissé prendre leur plaisir sadique à leur propre assujettissement langagier en se procurant force dicos et mémentos pour, inéluctablement, tomber dans moult chausse-trapes... Eux, exemptés de tout achoppement, avaient toujours vécu dans une sorte d'ataraxie idéale, bien dosée, parfaitement harmonisée à leur verbe clair, mis au point depuis 1887, ne songeant qu'à mieux se concentrer, définitivement émancipés, entre autres, des incalculables paradigmes des conjugaisons, décantant à loisir leur entendement, quintessenciant leur intellection...
Les espérantophones avaient eu plus d'un siècle et demi de commodité pour s'exonérer des méandreux byzantinismes des langues naturelles. Ils avaient beaucoup pensé, en complète liberté, hors de tout carcan morpho-syntaxique volontiers tarabiscoté. Mais alors que les non encore dépouillés du vieil homme n'entendaient ni à hue ni à dia, pensaient à tort et à travers, au superflu de préférence, ou à telle langue iconique, à tout le moins monosyllabique, dont ils attendaient monts et merveilles, nonobstant foison de sonorités équivoques et le conditionnement décérébrant imposé par ces mots-cris, les espérantophones, eux, sans cesse, sans se laisser distraire, avaient muté, insoupçonnément. Car leur néocortex, insensiblement libéré et développé au cours des décennies, s'était enfin focalisé sur l'évolution suprême de l'humanité.
Et, comme des axolotls, faisant fi de leur néoténie, ils avaient, en télépathes et en télékinésistes, hardiment franchi l'ultime frontière.
...le texte inspirateur est ici...
boonlhua007 (プロフィールを表示) 2018年4月29日 2:41:31