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Un espérantiste de haut niveau gravement dérangé du ciboulot

de haluskoj, 21 février 2010

Messages : 38

Langue: Français

montetino (Voir le profil) 5 mars 2010 21:07:15

On ne peut pas penser que l'espéranto est une bonne solution pour la communication sans se questionner sur les conséquences de sa généralisation.
Mais je ne suis pas vraiment d'accord avec Yiuel : le français à Bruxelles est une langue qui existait déjà en Belgique, de même que l'anglais au Canada, avec des populations ayant déjà ces langues comme langues maternelles, depuis des siècles. Je comparerais plutôt avec la situation du français dans les pays du Maghreb : la langue est utilisée comme outil, comme promotion sociale également, elle s'insinue dans l'arabe oral du quotidien, mais ne ne fait pas disparaitre l'arabe du monde des intellectuels et de l'école. Les enfants pensent les maths en arabe, pas en français.
Il me semble qu'une langue disparait lorsque la population qui la parle se réduit tout en étant en contact avec d'autres populations dominantes. Le fait qu'elle soit ou non écrite depuis longtemps doit certainement avoir son importance : le latin et le grec ancien, malgré que ce ne soit plus des langues vivantes, restent très connus parce qu'ils donnent accès à toute une réflexion.
Je ne suis pas particulièrement gênée de savoir que des langues disparaissent, parce que dans le même temps d'autres se développent, évoluent, et que la richesse linguistique du monde n'a comme raison d'être que la capacité d'expression des individus : ils inventent des solutions en fonction de leurs besoins, si ces besoins disparaissent, la langue disparait avec, non ? Une langue vivante implique que les textes du passé sont aussi hermétiques que s'ils étaient écrits dans une langue étrangère : notre français disparait et nait en permanence. Je ne tiens pas à ce que le français persiste tel qu'il est, je tiens à ce que mes enfants et leurs descendants parlent et écrivent une langue exprimant toutes les nuances de leur culture. Ce que permet l'espéranto, contrairement à l'anglais. (Cherchez par exemple l'équivalent de "service publique" avec le sens qu'on lui donne en France, en anglais... il n'y a pas !)
Peut-être que si l'anglais prend une place de plus en plus importante au Québec, c'est que la culture de ce pays se rapproche de la culture anglosaxonne ?

Yiuel (Voir le profil) 6 mars 2010 00:18:25

montetino:
Mais je ne suis pas vraiment d'accord avec Yiuel : le français à Bruxelles est une langue qui existait déjà en Belgique, de même que l'anglais au Canada, avec des populations ayant déjà ces langues comme langues maternelles, depuis des siècles.
Je ne réponderai pas pour la Belgique, je n'ai lu que des livres sur l'histoire de l'évolution des langues , mais pour ce qui est de l'anglais au Canada, ça fait 250 ans, et le français en a 400 ans. (À comparer aux langues algonquines et iroquoises qui sont là depuis au moins 1000 ans de plus...)

Il y a eu la fondation de communautés anglophones au Canada, et Montréal est un cas très spécial où si la fondation du village original est d'origine française, la ville et son développement lui a été fait par une communauté anglophone (il n'y a pas eu d'universités francophones à Montréal avant 1905, date de la fondation de l'Université de Montréal comme école satellite de l'Université Laval, à Québec).
Peut-être que si l'anglais prend une place de plus en plus importante au Québec, c'est que la culture de ce pays se rapproche de la culture anglosaxonne ?
Si c'était le cas, on enregistrerait une anglicisation du Québec en général. Or, ce ne sont que les villes de Montréal et Gatineau (banlieue d'Ottawa) qui s'anglicisaient (et s'anglicisent) de façon prononcée. Mais ces deux cas précis sont issus de l'histoire de ces deux villes, fondée ou développée par la communauté anglophone, auquelles villes se sont greffés de l'immigration des campagnes francophones. Il peut y avoir un lien avec la culture, mais l'interaction précise n'est pas connue. (Mais le Québec ne partage pas la culture nord-américaine générale, il y a des différences, comme il y a des différences entre l'Allemagne et la France, même s'il y a des similitudes.)

Sinon, je ne suis pas quelqu'un qui s'émeut à la disparition des langues; en tout cas, ce n'est pas un si gros problème selon moi. Cependant, je tenais à noter que la possibilité de voir naître des communautés où l'espéranto (ou une version nativisée) serait prise et les langues "naturelles" délaissées est tout à fait plausible et que ça ne devrait surprendre personne.

Pour ce qui est de ton "service public", j'ignore quel sens que tu lui donnes, mais, selon la situation, j'ai l'anglais (du Canada) "public services" pour l'équivalent en français québécois de "service public".

jan aleksan (Voir le profil) 6 mars 2010 12:36:22

pour ma part, je regarde toujours la cartes des ameriques avec beaucoup de tristesse, en constantant l'ecrasante domination du français de l'anglais, de l'espagnol et du portugais, là oú avant il existait un miriade d'autre langue. Je trouve ça bien triste, et je trouve triste que l'on s'en emeuve si peu, surtout que la France a sa part de responsabilité. C'est exactement la même chose en France métropolitaine, ou on ne se soucie pas de la disparition des langues regionales, et que même on s'en félicite.

BOn WE quand même,ridulo.gif,

Yiuel (Voir le profil) 7 mars 2010 03:12:39

jan aleksan:pour ma part, je regarde toujours la cartes des ameriques avec beaucoup de tristesse, en constantant l'ecrasante domination du français de l'anglais, de l'espagnol et du portugais, là oú avant il existait un miriade d'autre langue. Je trouve ça bien triste, et je trouve triste que l'on s'en emeuve si peu, surtout que la France a sa part de responsabilité. C'est exactement la même chose en France métropolitaine, ou on ne se soucie pas de la disparition des langues regionales, et que même on s'en félicite.

BOn WE quand même,ridulo.gif,
Le Guarani est encore bien vivant au Paraguay, quoiqu'il est été influencé par l'espagnol.

Au Québec, l'inuktitut, le cri et l'innu sont encore assez vivantes (quoiqu'il leur manque l'autonomie pour vraiment être d'usage fort), considérant leur petite population, et je sais que l'atikamekw et le naskapi sont encore utilisé.

Tout n'est pas rose, mais tout n'est pas noir pour ces langues non-indoeuropéennes.

(Et le français ne domine qu'à Haiti (partagé avec le créole) et au Québec, (partagé avec l'anglais). Vous n'avez pas laissé grand marque, vraiment. lango.gif)

hermeso (Voir le profil) 10 mars 2010 17:01:24

Pour ma part pas besoin d'en dire plus sur Culver. Homme noyé dans ses propres mensonges.

Si vous lisez Libera Folio, un linguiste suisse Andreas Kuenzli critique, dans de nombreux commentaires, très fortement UEA et son manque de professionnalisme.

Sinon ma touche personnelle. Une langue ne vie ou ne survie que par la volonté de ses locuteurs. C'est à dire part la pratique ( principe du raŭmisme) de la langue dans le plus de domaines que ce soit. Et l'effort des locuteurs doit être encore plus intense s'ils sont peu nombreux

Sinon pour les messages de Yiuel, que je connais bien ( discussion sur le kotava sur un autre forum). Des messages pleins de bon sens.

Yiuel (Voir le profil) 10 mars 2010 23:49:55

hermeso:Sinon ma touche personnelle. Une langue ne vie ou ne survie que par la volonté de ses locuteurs. C'est à dire part la pratique ( principe du raŭmisme) de la langue dans le plus de domaines que ce soit. Et l'effort des locuteurs doit être encore plus intense s'ils sont peu nombreux.
Il est évident que c'est l'usage de la langue à tous les niveaux de sa vie sociale qui définit la santé d'une langue. Dans mon long triple message, j'ai fait rapidement allusions aux minorités linguistiques, et c'est justement là où je dis que le principe même d'une telle situation est ridicule.

Je n'irais pas dire, cependant, qu'un groupe peu nombreux a besoin de redoubler d'effort en comparaison à un groupe plus nombreux. S'il y a autonomie interne totale, tout groupe socialement stable peut très facilement maintenir une langue distincte. La différence est qu'un groupe de 10K personnes et un groupe de 100M de personnes n'auront pas la même diversité ni les mêmes ressources. Mais si un groupe plus petit souhaite vivre plus simplement, c'est très très facile de maintenir une langue distincte, dans la mesure où ledit groupe a une autonomie interne totale (c-à-d aucune interférence extérieure en imposition dans la gestion intérieure).

Le raŭmisme est un principe légèrement différent de ça, en ce sens où c'est tout simplement un appel aux espérantophones d'utiliser la langue plutôt que d'en parler. Mais les deux idées sont proches, et le raŭmisme fait du sens dans l'optique du plus fort usage.
Sinon pour les messages de Yiuel, que je connais bien ( discussion sur le kotava sur un autre forum). Des messages pleins de bon sens.
Merci rideto.gif

hermeso (Voir le profil) 11 mars 2010 14:02:16

"Je n'irais pas dire, cependant, qu'un groupe peu nombreux a besoin de redoubler d'effort en comparaison à un groupe plus nombreux. S'il y a autonomie interne totale, tout groupe socialement stable peut très facilement maintenir une langue distincte."

Si c'est de l'autarcie ( pas sûr du bon mot), une langue ne peut être autonome que si ses locuteurs ne rencontrent jamais de locuteurs d'autres langues et qu'ils vivent isolés dans une vallée perdu de montagne inataignable où sur une ile magique. Dans ce cas de figure l'évolution de la langue en langues filles, ne peut se faire puisque tout le monde se connait. En dehors de ce cas bien precis et extremement rare de part le monde. Toute langue évolue, fusion, nait et meurt en fonction de ses locuteurs. Donc plus le nombre de locuteurs sera faible et plus fort devra être la vigilance et donc les efforts pour maintenir le même nombre de locuteurs. Sinon celle ci meurt. C'est le cas du Lorrain par exemple.

"La différence est qu'un groupe de 10K personnes et un groupe de 100M de personnes n'auront pas la même diversité ni les mêmes ressources. Mais si un groupe plus petit souhaite vivre plus simplement, c'est très très facile de maintenir une langue distincte, dans la mesure où ledit groupe a une autonomie interne totale (c-à-d aucune interférence extérieure en imposition dans la gestion intérieure)."

Mais cas assez raricime, le basque et le bretons ont du mal à semaintenir mar
lgré leurs locuteurs car une langue cad le francais est parasite. Le corse lui comme il est plus isolé tiens mieux

Leonez (Voir le profil) 11 mars 2010 14:35:36

Mais cas assez raricime, le basque et le bretons ont du mal à se maintenir mar
lgré leurs locuteurs car une langue cad le francais est parasite. Le corse lui comme il est plus isolé tiens mieux[/quote]Je ne crois pas que celà soit dû à la situation géographique mais plutôt à l'histoire du déclin de la langue bretonne qui a été très dépréciée et bafouée par les francisants, dans l'éducation et d'autres domaines. Les bretonnants ont maintenant assimilé (comme on souhaitait qu'ils le fassent) le fait de parler leur langue avec le fait d'être arriérés (c'est l'impression qu'ils donnaient, vu de Paris, avec leur dialecte de sauvage et leur société rurale en fait très stable et bien organisée). La bretagne était suffisamment éloignée de tout pour paraître arriérée alors je ne pense pas que ce soit le TGV qui nuise à la langue maintenant ! Non, la majorité des bretons, même ceux qui le parlaient enfant, n'aiment plus assez leur langue pour la transmettre et la faire perdurer. Il faut dire que l'image négative continue à être véhiculée sournoisement : les manifestations pour la langue passent inaperçues (quel que soit le nombre de participants), la télé ne lâche que quelques minutes par semaine supprimées régulièrement pour des événements sportifs, les écoles bilingues sont trop peu soutenues (on dit oui, on ne donne presque rien, on n'ouvre pas les classes...). Bref le potentiel serait là pour sauver le breton, et l'influence du français voisin ne changerait pas la structure profonde de la langue, qui n'a rien à voir... ce sont d'autres problèmes.

jan aleksan (Voir le profil) 11 mars 2010 14:38:24

hermeso:

Si c'est de l'autarcie ( pas sûr du bon mot), une langue ne peut être autonome que si ses locuteurs ne rencontrent jamais de locuteurs d'autres langues et qu'ils vivent isolés dans une vallée perdu de montagne inataignable où sur une ile magique. Dans ce cas de figure l'évolution de la langue en langues filles, ne peut se faire puisque tout le monde se connait. En dehors de ce cas bien precis et extremement rare de part le monde.
Rare mais existe encore: un exemple

hermeso (Voir le profil) 11 mars 2010 19:34:34

jan aleksan:
hermeso:

Si c'est de l'autarcie ( pas sûr du bon mot), une langue ne peut être autonome que si ses locuteurs ne rencontrent jamais de locuteurs d'autres langues et qu'ils vivent isolés dans une vallée perdu de montagne inataignable où sur une ile magique. Dans ce cas de figure l'évolution de la langue en langues filles, ne peut se faire puisque tout le monde se connait. En dehors de ce cas bien precis et extremement rare de part le monde.
Rare mais existe encore: un exemple
Malheureusement pour eux le début de la fin

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