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opajpoaj (Ukázat profil) 4. listopadu 2016 22:56:41
Dans les commencements de la fondation des Kazimutis (encore appelés Babéliens), on sait qu'ils étaient tous égaux, vivant éloignés les uns des autres, et que leurs petites affaires, quand il le fallait, se décidaient à la pluralité des mains levées. Ils distinguaient parfaitement au toucher la monnaie de cuivre de celle d'argent ; aucun d'eux ne prit jamais du vin de Brie pour du vin de Bourgogne ; tous appréciaient doctement les subtiles irisations de l'arc-en-ciel. Leur odorat était plus fin que celui de leurs voisins qui avaient bonnes cordes vocales et bonnes oreilles. Ils raisonnèrent parfaitement sur les quatre sens, c'est-à-dire qu'ils en connurent tout ce qu'il est permis d'en savoir ; et ils vécurent paisibles et fortunés, dans leur propre microcosme, autant que des Kazimutis peuvent l'être.
Malheureusement certains de leurs professeurs se prévalurent de notions claires sur le sens dédaigné de l'ouïe ; ils se firent suivre, ils intriguèrent, ils formèrent des enthousiasmes : enfin on les admit comme chefs de leur clan respectif. Ils se mirent à juger souverainement de leurs garrulités, et tout fut perdu.
Ces premiers petits dictateurs des Babéliens se formèrent d'abord de petits conseils, avec lesquels ils se rendirent maîtres de toutes les ressources, leurs sujets devenant leurs bien-forcés-à-l'insu-de-leur-plein-gré éternels abonnés. Par ce moyen personne n'osa leur résister. Ils décidèrent que les riches gargouillements des Babéliens resteraient naturellement immensément variés et distincts, comme chez les bêtes le merle siffle, le geai garrule, la pie glapit, le corbeau croasse, le pigeon roucoule, la poule glousse°: les Babéliens les crurent ; ils se rengorgeaient à l'envi, par leurs idiotismes, de leur ontologique incommunicabilité qui deviendrait bientôt, avec leur prolificité, l'impédiment de leur phalanstérisation finale. Chaque clan se gaussa superbement des autres ; ces gaussés en firent grief aux dictateurs, qui les reçurent fort mal ; ils les tinrent pour novateurs, esprits forts, rebelles, qui se laissaient séduire par les opinions erronées de leurs voisins, et qui osaient douter de l'infaillibilité de leurs maîtres. Cette longue querelle forma de nombreux partis.
L'ultime dictateur, pourtant vainqueur du Monopoly planétaire, rendit de guerre lasse un arrêt, pour les apaiser – malgré qu'il en eût, arrêt par lequel leur gargouillement serait dorénavant unique, selon la norme Iso-Ceo-Tina. Hélas ! L'imposé baragouin (aux yeux de beaucoup) ne convenait qu'aux costards-cravatés, experts en bonneteau. Derniers grommellements de la part de la toujours balbutiante communauté... balbutiante. Le dictateur entra en fureur, tous les Kazimutis aussi : on se battit longtemps, et la concorde ne fut rétablie que lorsqu'il fut permis à tous les Babéliens de conserver par devers eux leurs gargouillis originels dans leurs abscons hétéroclitismes et de se réunir enfin, libérés de leurs propres carcans langagiers par un truchement facile, construit expressément pour leurs gouverne et content.
Voltaire, Petite digression.
° (Victor Hugo) Voltaire a dû lire par-dessus son épaule : le Temps n'est qu'entrelacs d'infinis rubans de Mœbius...
Un samideano, en lisant cette petite histoire, avouera que les Kazimutis ont eu tort de juger sons et langues ; il devrait surtout rester ferme dans l'opinion qu'à l'Espéranto seul siéent clarté et sens patemment obvies. Ĉu ne ?
Malheureusement certains de leurs professeurs se prévalurent de notions claires sur le sens dédaigné de l'ouïe ; ils se firent suivre, ils intriguèrent, ils formèrent des enthousiasmes : enfin on les admit comme chefs de leur clan respectif. Ils se mirent à juger souverainement de leurs garrulités, et tout fut perdu.
Ces premiers petits dictateurs des Babéliens se formèrent d'abord de petits conseils, avec lesquels ils se rendirent maîtres de toutes les ressources, leurs sujets devenant leurs bien-forcés-à-l'insu-de-leur-plein-gré éternels abonnés. Par ce moyen personne n'osa leur résister. Ils décidèrent que les riches gargouillements des Babéliens resteraient naturellement immensément variés et distincts, comme chez les bêtes le merle siffle, le geai garrule, la pie glapit, le corbeau croasse, le pigeon roucoule, la poule glousse°: les Babéliens les crurent ; ils se rengorgeaient à l'envi, par leurs idiotismes, de leur ontologique incommunicabilité qui deviendrait bientôt, avec leur prolificité, l'impédiment de leur phalanstérisation finale. Chaque clan se gaussa superbement des autres ; ces gaussés en firent grief aux dictateurs, qui les reçurent fort mal ; ils les tinrent pour novateurs, esprits forts, rebelles, qui se laissaient séduire par les opinions erronées de leurs voisins, et qui osaient douter de l'infaillibilité de leurs maîtres. Cette longue querelle forma de nombreux partis.
L'ultime dictateur, pourtant vainqueur du Monopoly planétaire, rendit de guerre lasse un arrêt, pour les apaiser – malgré qu'il en eût, arrêt par lequel leur gargouillement serait dorénavant unique, selon la norme Iso-Ceo-Tina. Hélas ! L'imposé baragouin (aux yeux de beaucoup) ne convenait qu'aux costards-cravatés, experts en bonneteau. Derniers grommellements de la part de la toujours balbutiante communauté... balbutiante. Le dictateur entra en fureur, tous les Kazimutis aussi : on se battit longtemps, et la concorde ne fut rétablie que lorsqu'il fut permis à tous les Babéliens de conserver par devers eux leurs gargouillis originels dans leurs abscons hétéroclitismes et de se réunir enfin, libérés de leurs propres carcans langagiers par un truchement facile, construit expressément pour leurs gouverne et content.
Voltaire, Petite digression.
° (Victor Hugo) Voltaire a dû lire par-dessus son épaule : le Temps n'est qu'entrelacs d'infinis rubans de Mœbius...
Un samideano, en lisant cette petite histoire, avouera que les Kazimutis ont eu tort de juger sons et langues ; il devrait surtout rester ferme dans l'opinion qu'à l'Espéranto seul siéent clarté et sens patemment obvies. Ĉu ne ?
Roch (Ukázat profil) 5. listopadu 2016 23:16:51
J'avoue que ce "Babélisme" me fait penser à l'Europanto!
Qui semble être important, par son origine...
Eŭropanto (Europanto) estas ŝerca "internacia planlingvo" proponita de Diego Marani, tradukisto de Ĝenerala Sekretario de la Ministra Konsilantaro de Eŭropa Unio en 1996.
...
Legante la retpaĝojn de Eŭropanto, oni ne scias certe ĉu la propono estas serioza, ĉu estas nur parodio. (Vikipedio)
http://lernu.net/forumo/temo/4554
Qui semble être important, par son origine...
Eŭropanto (Europanto) estas ŝerca "internacia planlingvo" proponita de Diego Marani, tradukisto de Ĝenerala Sekretario de la Ministra Konsilantaro de Eŭropa Unio en 1996.
...
Legante la retpaĝojn de Eŭropanto, oni ne scias certe ĉu la propono estas serioza, ĉu estas nur parodio. (Vikipedio)
http://lernu.net/forumo/temo/4554