Al la enhavo

Je suis sourde et je veux apprendre l’espéranto

de Harlinah, 2013-aprilo-03

Mesaĝoj: 116

Lingvo: Français

Harlinah (Montri la profilon) 2013-majo-24 19:24:08

Et je n’ose même pas imaginer ce que ressentent les nés sourds dont les parents incapables d’apprendre une langue aussi difficile que la LSF ont renoncé à leur rôle de parents en préférant oublier ces enfants incapables de les entendre.
Et là je comprends pertinemment qu’on ne s’en fiche pas même si cela nous fait souffrir inutilement. Moi-même qui suis pourtant une spécialiste quand il s’agit d’oublier, j'en suis incapable.

Ceci pour vous dire à quel point j’admire les gens comme vous qui sont prêts à faire des efforts pour que d’autres ne restent pas tout le temps seuls dans ce qui n’est rien de moins qu’une prison à perpétuité. Sans mes livres et mes amis je serais devenue folle.

Parlons de choses plus positives.
Votre ami a-t-il entendu par le passé ? Si oui a-t-il déjà entendu parler du LPC?
C’est un code qui s’apprend très facilement et qui lui permettra de vous lire facilement sur les lèvres.
Vous allez coder (faire des signes avec vos doigts) et lui va vous décoder (vous lire sur lèvres avec l'aide de vos gestes)
Ce sera lent au départ mais tellement tellement plus satisfaisant et stimulant que l’écriture qui est très déséquilibrée. http://www.alpc.asso.fr/

Pendant que mes amis m’écrivent j'attends pour ensuite lire en quelques secondes ce qui leur a pris de longues minutes.
C’est frustrant pour tout le monde sans parler de la fatigue que cela implique surtout pour des gens bavards comme je le suis moi-même.Il y en a même un aussi bavard que moi qui m’écrit des dissertations, eh bien je n’ai pas d’autre choix que de sortir mon livre en attendant qu’il ait fini.

J’aime tous mes amis mais lui est probablement mon préféré probablement parce que personne n’a autant noirci de cahiers pour pouvoir me parler. Et demain si je retrouve l’audition, aucune personne rencontrée ne pourra remplacer mes vieux amis, ceux qui ont accepté de me tenir compagnie quand j’étais en prison. C’est injuste pour tous ceux que je rencontrerai après mais les premiers sont les seuls dont j’ai la certitude d’être des amis véritables.
Une dame m'avait dit : "tu n'auras pas beaucoup d'amis mais ceux qui le seront, tu peux être sûre qu'ils tiennent vraiment à toi."

Je suis prête à venir vous l‘apprendre, vous et votre ami, si vous le souhaitez.
Si vous êtes à Paris, vous pouvez venir demain à l’association Espéranto jeunes située à la Bastille, c’est à 15 heures et ça prendra une ou deux heures.

L’apprentissage de la LSF est particulièrement ardu pour des gens comme moi : je ne suis pas intuitive et je ne comprends qu’avec les mots et ne me fais comprendre que par des mots.
Mais surtout vous aurez beau vous spécialiser en LSF, il vous sera difficile d’avoir des discussions satisfaisantes si vous êtes porté sur les choses abstraites.

D’ailleurs j’ai des livres tous neufs que j’avais achetés quand je croyais pouvoir l’apprendre. Je suis prête à vous les donner si cela vous intéresse. N’hésitez pas à m’écrire si vous le souhaitez.

Petrochib (Montri la profilon) 2013-majo-28 17:04:49

Je viens répondre à votre message, enfin! Pardonnez-moi de ce long intervalle de temps, qui a pu faire croire que je me désintéressais de votre sort, qui, néanmoins, m'a beaucoup touché. D'abord, il ne faut pas compter sur moi, pour une rencontre à Paris, parce que je ne peux plus me déplacer facilement. C'est mon épouse qui assure maintenant mes grands déplacements. Je n'ai gardé qu'un fr̀ère à Paris, en banlieue (Versailles). J'habite dans l'Ain, entre Lyon et Genève. En ce qui concerne mon ami, il habite près de Bayonne (extrême sud-ouest). Il était tr̀es actif dans le mouvement sourd, connaissait bien Bernard MOTTEZ, a été éducateur à Saint-Jacques à Paris et était jusque récemment impliqué dans la formation des adultes sourds. Il s'appelle Christian DECK mais n'est pas appareillé, il est donc signeur convaincu...
J'ai cru sentir une position d'OKness positive de votre part, ce qui veut dire simplement en Analyse Transactionnelle, que vous acceptez tous les êtres positifs qui agissent, parce qu'ils ont une certaine confiance en eux, malgré une vie qui ne fait que ne pas s'opposer au destin de chacun, sans montrer de piste définie. Moi, j'ajouterai une confiance en une issue positive de cette vie, dans le sens d'une intimité synonyme de réalisation relativement profonde dans tous les domaines. Je pense que la psychologie et le bouddhisme peuvent contribuer à des relations fortes en sens, s'il n'y a pas spécialement de côté spectaculaire affirmé.
Voilà: je me suis un peu laissé aller dans cette présentation un peu sommaire. J'aime bien vos délires linguistiques et j'espère vous lire bientôt en Esperanto, par exemple sur ce site très intéressant, malgré la nécessité de la lecture, face au défit de la radiodiffusion (on peut commenter, ce qui permet l'expression):
http://esperantaretradio.blogspot.fr

Harlinah (Montri la profilon) 2013-junio-08 18:19:35

Bonjour Petrochib,

Ne vous excusez-pas , tout le monde répond quand c’est possible
Je suis désolée pour vos difficultés, les maladies orphelines rendent la vie encore plus difficile qu’elle ne l’est déjà. J’en sais quelque chose. Personnellement je peux me déplacer mais je suis tout juste capable de porter ma petite personne.

Votre maladie ne vous empêche pas néanmoins d’être actif et vous avez bien raison.
J’ai vu un documentaire sur la neuroplasticité du cerveau. Les spécialistes disaient qu’il fallait entretenir la souplesse du cerveau comme on fait du sport pour entretenir celle du corps.
Personnellement, je ne fais aucun sport pour la très bonne raison que j'ai toujours détesté cela. Et heureusement, j’ai un corps qui ne me fait aucun misère.
En revanche, j’ai toujours ressenti le besoin de me triturer les méninges et je ne suis jamais restée intellectuellement inactive. Je suis ce qu’on appelle une éternelle étudiante.
Dans le reportage il est expliqué que le meilleur exercice pour le cerveau est d’être curieux et de tout le temps apprendre. A ce titre, l’apprentissage des langues est paraît-il l’idéal.

C’est un peu ce qui m’a menée vers l’esperanto même si j’avais d’abord essayé avec des langues nationales comme l’anglais et l’espagnol.
Mais on a beau m’expliquer je suis incapable de reproduire les sons et de prononcer correctement.
Faute d’audition, la phonétique de ces langues m’est définitivement inaccessible surtout celle de l’anglais bien que ce soit une langue que j’ai entendue par le passé.

Pour revenir à votre ami, s’il est heureux et épanoui avec la langue des signes alors tant mieux.
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je ne voudrais pas qu'elle disparaisse.
Il y a des sourds qui trouvent leur bonheur dans cette langue et ce serait criminel de les en priver.
Pour ma part, elle ne m’intéresse absolument pas pour des raisons que j’ai exposées ailleurs.

Ma position est très simple : chacun est libre de faire, de penser, de dire ce qu’il veut tant qu’il ne porte préjudice à personne et n’impose rien à personne.
Pour ma part, je ne ferai rien qui puisse être au détriment des autres ou même au détriment de moi -même.
Aussi interminable et pénible que soit cette vie, elle ne sera jamais qu’un passage. J’ignore ce qui nous attend après mais je pense intimement que cela ne vaut pas le coup de faire mal.
Vous parlez de bouddhisme. Sans être bouddhiste, bien des bouddhistes m’ont dit que je raisonnais comme si je l’étais. Et c’est quand même un comble pour quelqu’un qui n’a jamais brillé par sa patience ni par son flegme.

Harlinah (Montri la profilon) 2013-junio-08 18:24:16

Vous aimez bien mes délires linguistiques. Votre expression m’a bien fait rire et m’a surtout rappelé des détracteurs qui auraient été heureux de trouver un telle formule dans l’espoir de m’intimider à défaut de pouvoir y arriver avec des piques genre : tes pavés, tes tartines , te lire on n’a pas que ça à faire dans la vie, et j’en passe et des meilleures.
Sauf que dès que je la ramène, ils s’empressent de me sortir des citations qui prouvent à ma grande surprise que non seulement ils ont lu mes pavés mais qu’en plus ils les ont retenus.
Heureusement pour eux, le ridicule ne tue pas. Quant à moi je leur fais la charité de ne pas les mettre face à leur contradictions.

Évidemment, je ne vous compare pas à ces plaisantins mais ils vous auraient dit merci pour votre expression.
Les délires linguistiques comme vous dites, ne sont que le reflet de ma nature expansive qui a fait dire à un de mes amis la première fois où il m’a vue : « toi c’est encore mieux que les Italiens ».

Quant à me lire en espéranto….bah pourquoi pas après tout ? Comme on dit les rêves c’est gratuit.

Merci pour votre optimisme que je ne partage pas. Ceux qui ont lu mes interventions sur des questions espéranto comprendront peut-être pourquoi j’ai du mal à y croire.
J’ai visité votre site. Ce n’est pas la lecture qui me rebute mais l’espéranto tout simplement !

Merci et à bientôt.
Harlinah

ps : si ce n’est pas indiscret , comment avez-vous fait pour rencontrer et connaître votre ami alors que vous ne signez pas?

Petrochib (Montri la profilon) 2013-junio-12 20:45:47

Je viens répondre à l'ultime question. J'ai rencontré Christian quand il vivait en communauté avec des amis. Quelques uns de nos atomes crochus était la non-violence et l'écologie. Nous rêvions de nous installer "à la campagne" pour cultiver des terres ou élever des bêtes. C'était bien un rêve que j'ai essayé de concrétiser, mais j'en suis revenu parce que la vie nous ramène à la raison, comme on le dit souvent. J'ai cru un moment en ces idées folles d'utopie, j'ai même aidé à un élevage de chèvres (production de fromages) et ai fini par démarrer une carrière de facteur, pendant que Christian poursuivait son chemin d'éducateur de jeunes malentendants, qu'il a poussé le plus possible quand il entendait un peu. Il est maintenant sourd profond, comme vous sans doute. Je garde un jardin secret avec l'Esperanto mais je reste assez amer, parce que ma vie n'a pas été toujours facile.
Amicalement
Pierre

Harlinah (Montri la profilon) 2013-junio-22 10:51:59

Bonjour Pierre

la vie est plus difficile quand on est idéaliste;
Je vous comprends parfaitement , on veut faire tant de choses et c’est toujours éprouvant de se retrouver confronté à nos limites surtout quand on a une maladie;

J'ai écris dans ce sens une longue réponse à Henriette mais je n'ai pas eu le temps de poster; Je vais peut être essayer cette fin de semaine même si elle est très chargée;
Personnellement ce n'est pas que de l’amertume mais plutôt le dégout de la vie;

Il y a certaines personnes qui dans leur malheur en viennent à détester tout le monde et à en vouloir à la planète entière.
Pour ma part je ne déteste personne , ne reproche rien à personne.
Ce qui ne veut pas dire que je rencontre pas d'abrutis mais je suis plutôt je genre qui ne se laisse pas faire;

Le dernier évènement en date, c’est pas plus tard que cette semaine: une caissière qui a pris une barre de fer et l'a secouée devant moi pour me signifier : " tu te tais ou je t'assomme avec" .
Tout ça parce que j'ai exigé qu'elle me rembourse et qu'elle se comporte plus correctement.

Dire qu'il en faut beaucoup moins pour m’expédier dans l'autre monde!
Je lui ai rétorqué: " allez-y si vous voulez finir en prison" et j'aurais bien ajouté "sur la chaise électrique" mais nous ne sommes pas en Amérique;

Il y a au moins une chose qui ne changera jamais, je continuerai de m’étonner parce que faut bien le reconnaitre: la bêtise humaine est fabuleuse.
Mais pour moi les êtres humains ne seront jamais que cela : des créatures plus bêtes que mauvaises ;
C’était aussi l'avis de Socrate qu'ils ont pourtant tué.

Je ne reproche rien aux humains car ces derniers sont capables du pire comme du meilleur et moi j'ai rencontré plus de gens formidables que de crétins.
En revanche je n'ai que mépris et répulsion pour la vie.
A mes yeux elle ne vaut pas un kopeck.

Et même si d'aucuns se disent étonnés par mon énergie et ma vivacité, ce n’est pas par amour pour la vie c’est juste pour ne pas lui permettre de m’infliger une laideur encore plus grande que celle dont je suis témoin.
La vie est laide et il est inutile que je lui donne les moyens de s’enlaidir davantage.

Et comme je ne peux pas me supprimer alors me battre pour vivre le plus correctement et dignement possible est le seul moyen que j'ai trouvé pour lui résister.
Alors oui je vous comprends.
Mais à mon humble avis : la vie ne vaut rien et ne mérite ni nos larmes ni nos regrets encore moins notre amour.

Et tant que vous avez vos sens , profitez-en pour savourer la présence des êtres chers - n'oubliez jamais qu'ils ne sont pas éternels - la musique, le chant des oiseaux, le bruit des éléments, le silence.
Ce sont les rares choses qui nous font oublier la laideur de la vie ne serait-ce que pour quelques instants.
Moi ne pouvant pas me permettre ce luxe depuis le jour où j'ai perdu mes oreilles, je suis tout le temps confrontée à la vie dans toute sa laideur et son absurdité.

Reen al la supro