La LSF , les langues orales et les langues ecrites : pourquoi elles ne se valent pas.
de Harlinah, 2013-aprilo-10
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Lingvo: Français
Harlinah (Montri la profilon) 2013-junio-09 10:10:00
Dr Albert Schweitzer (1875-1965)
"Nous pouvons juger le cœur d’un homme par son comportement envers les animaux."
Emmanuel Kant (1724-1804)
"Tant que les hommes massacreront les bêtes, ils s’entretueront. Celui qui sème le meurtre et la douleur ne peut en effet récolter la joie et l’amour."
Pythagore (570-480 av. JC)
L"homme est aussi le seul être capable de torturer pour son propre plaisir.
Que voulez-vous. C’est un être capable du pire comme du meilleur.
La compassion ne disparait pas. Comme toute chose sur cette terre, elle est juste inégalement répartie.
Certains en ont beaucoup , d'autre peu et d'autres pas du tout.
Le juste milieu vaut probablement mieux que les extrêmes mais ce n’est pas parce que c’est un milieu qu'il est facilement accessible. On n'a pas toujours les moyens du juste milieu. Je n'ai rien pour aider ces jeunes à sortir de l'obscurité à laquelle ils sont condamnés d'abord parce que qu'ils ont eu la malchance de naitre dans un pays pauvre et en guerre.
La jeune fille dont je m'occupais venait d'un pays africain et n’est arrivée en France qu'à l'age de 13ans. Elle a vu ses parents mourir assassinés. Elle et son frère sont les seuls rescapés et vivent désormais chez leur tante ici en France.
Je ne suis pas un dieu pour lui ramener ses parents ni pour effacer l'horreur qu'elle a dû vivre si jeune.
Je ne suis pas magicienne pour supprimer les guerres, l'injustice et la cruauté humaine.
Mais j'aurais tellement tellement aimé la sortir cette autre prison qu'est illettrisme.
Cela aurait dû être à ma portée puisque j'ai quand même suffisamment appris mais j'ai lamentablement échoué peut-être parce que je n'ai pas vocation à transmettre le savoir , peut-être parce que je n'entends pas, certainement parce qu'il y avait beaucoup d'obstacles de son coté ( pas accès à internet , habitant très loin de chez moi etc).
Et si le juste milieu dans ce cas serait de dire après tout ce n’est pas ma faute , j'ai fait ce que j'ai pu , si le juste milieu est de ne ressentir ni tristesse ni désolation ni regrets , eh bien je préfère vous dire que cela m’est tout bonnement impossible.
Faudrait déjà savoir ce que pourrait être ce juste milieu. Je ne suis même pas sûre qu'il existe toujours.
Quel est le juste milieu que je devrais adopter vis à vis de mes parents?
Quel est le juste milieu quand il s'agit de cette pauvre petite qui voulait bien s'en sortir mais que j'ai été incapable d'aider?
Quel est le juste milieu quand on est en vérité totalement impuissant alors même que nous sommes considérablement gâtés par la vie.
Car moi par rapport à cette petite qui a ses oreilles et une santé parfaite , je jouis tout de même de privilèges dont elle ne pourrait même pas rêver.
Il est difficile de trouver le juste milieu quand on est à la fois riche et impuissant.
Altebrilas (Montri la profilon) 2013-junio-09 19:25:36
A l'impossible nul n'est tenu. Personne n'est totalement impuissant, ni tout puissant. On s'échelonne entre les deux, dans des "milieux" plus ou moins justes. En avoir conscience, c'est déjà un pas vers le "juste milieu".
hetinjo (Montri la profilon) 2013-junio-10 00:19:41
Harlinah a dit :Harlinah,
Je ne suis pas un dieu pour ...
Je ne suis pas magicienne pour ...
Cela aurait dû être à ma portée puisque...
si le juste milieu est de ne ressentir ni tristesse ni désolation ni regrets , eh bien je préfère vous dire que cela m’est tout bonnement impossible....
mais que j'ai été incapable d'aider? ....
Quel est le juste milieu quand on est en vérité totalement impuissant alors même que nous sommes considérablement gâtés par la vie.
Car moi par rapport à cette petite qui...
Loin de moi l'arrogance de prétendre vous "conseiller". Vous êtes intelligente et instruite; j'ai quitté l'école à 14 ans pour aller travailler, après ne l'avoir jointe qu'à 7 ans et
de longues lacunes dues à la guerre.
Un jour un ami m'a dit : "Ambition ? Complexe de culpability ? Les souffrances sur terre sont révoltantes, attérantes. Mais n'amalgamez pas toutes les souffrances pour les ressentir vous-même 24 heures sur 24. Cauchemards, réveil par attaques de panique peuvent conduire à la déprime, et alors non seulement vous ne pouvez plus aider mais vous devenez une charge." Cet homme avait lui-même été, à l'âge de 4 ans, amputé d'une jambe y compris le fémur. (Sa mère me confia qu'il lui avait été extrêmement difficile de ne pas courir le relever de ses chutes, avec ses béquilles, parce qu'elle savait qu'il lui fallait s'aguérir. Elle prétendait rire).
Ma petite Harlinah, pardonnez-moi de vous parler comme une grand-mère. Il me semble que vous réfléchissez trop et vous vous enlisez dans une profonde tristesse. Tout comme les diabétiques acceptent de suppléer à leur manque d'insuline, peut-être bénéficeriez-vous de serotonine, ou ce qui est préconisé chez vous quand on "se fait trop de mauvais sang" disait-on en Normandie il y a 70 ans... Et vous avez certainement trop de sujets de tristesse .. dont l'exile, séparation des êtres chers et de tout entourage familier.
En lapse de temps comme en intensité, chaque personne souffre son propre sort, pas celui de l'entière population; au cours de first-aid on nous a dit et redit : "l'accidenté est probablement en état de choc et ne souffre pas autant que vous le pensez. Gardez votre sang-froid".
Je regrette ne pas savoir exprimer mes sentiments; née très triste, je le suis demeurée jusqu'à 70 ans.. j'aimerais que vous soyez, au moins partiellement, libérée aussi tôt que possible ! La tristesse profonde nous intrigue, ( "comment font tous ces gens autour de nous, pour sourire et même rire?") Automatiquement nous en cherchons les causes et en découvrons de + en + , et nous nous enlisons.. Comme dans les sables mouvants, plus on se débat et plus l'on s'enfonce..
Harlinah (Montri la profilon) 2013-junio-29 12:19:29
Vous avez quitté l’école à 14ans , maman n ’y a jamais été et pourtant c’est bien elle qui m’a élevée et sur bien des aspects je ne ressemble qu’à mes parents.
Je suis ingénieur de formation, et si j’avais fait des enfants je doute fort réussir aussi bien que mes parents ces gens qui sont pourtant analphabètes. Ceci pour vous dire que l’instruction n’a rien à voir avec la sagesse ni même l’éducation.
Pour ma part, j’estime que la vie est l’un des plus grands instructeurs qui soient et même si je ne suis pas de première jeunesse j’aurais toujours beaucoup de choses à apprendre des gens qui comme vous sont plus âgés que moi ou même de jeunes qui ont eu des vécus encore plus durs que le mien.
Ce que vous a dit votre ami est on ne peut plus sensé. Mais le fait est que de toute façon je ne peux pas aider.
Il ne me reste donc que ces sentiments dérisoires sur lesquels je n’ai aucun pouvoir ne serait ce que parce que je ne trouve en moi aucune motivation pour les chasser.
Quelle motivation ?
Pouvoir aider ? Je suis impuissante !
Etre heureuse’ ? Je ne le serai jamais car l’amnésie ne se commande pas.
M’occuper de ma petite personne ? Mais je ne fais que cela ce qui ne me satisfait que moyennement.
Il n’ya aucun sentiment de culpabilité. Je veillé consciencieusement à ne porter préjudice à personne et à n’avoir aucune responsabilité.
Notre souffrance ne nous fait pas oublier d’agir car nous savons tous intimement que c’est l’action qui nous apaisera.
Notre souffrance est là et y reste parce que justement nous ne trouvons aucun moyen d’agir.
Imaginez Mère Theresa – à laquelle je ne me compare pas- a vu tellement de souffrance qu’elle a fini par en renier celui qui lui était pourtant si cher au point de lui consacrer sa vie. Elle en a renié Dieu.
Et pourtant cette femme a agi toute sa vie mais la misère est telle que tout ce qu’elle a fait compte a peine pour une goutte d’eau dans un océan.
Zamenhof aussi a été un grand monsieur qui a beaucoup donné à sens semblables pour le résultat que l’on sait.
En, guise de remerciement l’humanité qui est aussi humaine que je suis Maria Callas, a gazé ses enfants et brulé tout ce à quoi il avait consacré sa vie.
Mais lui au moins a rendu service à beaucoup d’êtres humains et sa vie n’a pas été vaine.
Harlinah (Montri la profilon) 2013-junio-29 12:21:09
Le plus important de tous était de vivre une vie qui a un sens.
Même si cette vie devait être difficile même si elle devait être douloureuse.
La vie n’est qu’un passage et je ne suis pas ici pour que tout soit parfait.
Je me moque du bonheur terrestre il est aussi trompeur que la vie elle-même.
Quant au repos, on se reposera quand ce sera les grandes vacances. C’est comme ça que l’abbé Pierre parlait de la mort. Mais lui avait raison d’en parler ainsi.
Non non je ne crois pas au paradis et la pire des choses qui puisse arriver c’est que la réincarnation soit vraie.
Les bouddhistes qui considérèrent que le nirvana est tout simplement de cesser de se réincarner, ne sont pas des idiots.
J’approuve et j’applaudis. Et cela peu importe si on doit rejoindre le paradis des croyants ou le néant des athées, ce sera toujours mieux que la vie terrestre.
C’est la raison pour laquelle je n’envie pas grand monde. , je n’envie jamais les riches sauf quand ce sont des mécènes, j’envie les médecins pas ceux des beaux quartiers mais plutôt ceux qui passent leur vie à l’hôpital à essayer de sauver des vies et pour moi sauver la vie d’une personne ce n’est pas lui éviter la mort mais plutôt lui éviter le statut de mort vivant. J’envie les infirmières qui par leur gentillesse et leurs gestes peuvent adoucir la vie de beaucoup. Je me suis même renseignée, j’aurais été très satisfaite d’être infirmière mais ce métier comme tant d’autres est impossible quand on est sourde.
J’envie tous ces anonymes qui élèvent un orphelin ou donnent de leur temps et de leur personne en allant visiter les malades, les prisonniers, les damnés de la terre qui n’intéressent pas grand monde.
Que puis-je faire de tout cela ? ? Rien ! J’ai été voisine de gens formidables qui m’ont beaucoup donné pendant mon enfance et qui sont devenus très très vieux . J’aurais tellement aimé leur tenir compagnie , leur faire les courses et les aider dans leur vie quotidienne.
Leur apporter un peu de bonheur comme ils m’en ont donné quand j’étais petite.
C’était à une époque où j’avais tout mon temps ne travaillant pas.
Je suis aussi très bien portante . Je suis jeune.
Bref j’avais tout sauf des oreilles et ces vieux sont trop âgés pour m’écrire.
De ce fait je devais me contenter de rester les bras croises et de n’être utile en rien.
Non je ne pardonne pas à la surdité de m’avoir enlevé le droit de servir à quelque chose et ce même si elle m’a tellement appris. Mais ce que j’ai appris ne profite qu’à ma petite personne.
Et voyez vous non seulement je ne peux pas donner mais en plus il a fallu que je vive très bien parce que je réside dans un pays où j’ai beaucoup de droits en plus de me porter tout aussi bien même si je ne peux rien faire.
Harlinah (Montri la profilon) 2013-junio-29 12:23:41
Je me fiche de cette cruche et de ses emplettes dans un pays esclavagiste.
La sottise humaine c’est comme les mouches, ca fait partie du décor, il faut faire avec et puis c’est tout.
Ce genre de personne ne m’effleure même pas l’esprit et ce n’est pas en me disant qu’il y a plus inutile que moi que je vais me consoler.
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle mes amis ne me conseilleraient jamais d’aller voir un psy ni de prendre je ne sais quel médicaments. Ils savent parfaitement que c’est vain.
Devenir sourde a ceci de cruel qu’on ne devient pas amnésique.
Ce que je veux, je continuerai à le vouloir, ce que j’aime je continuerai à l’aimer et ce dont je rêve je continuerai à en rêver.
Oui je suis triste et je pense avoir trente six mille raisons pour cela.
Pourtant je ne suis désespérée et ceci pour trois bonnes raisons :
- J’ai 40 ans et pas 20 ans.
- Le jour qui passe ne reviendra plus jamais
- Le mort existe et ne rate personne.
Dieu merci je ne suis pas le Juif errant et j’ai donc évité le pire des châtiments : l’immortalité.
Les non croyants qui disent que les croyants s’inventent un dieu par peur du néant me font bien rire.
A eux comme aux adeptes de la vie à tout prix je n’ai qu’une chose à dire : j’espère que la vie vous épargnera le spectacle de sa misère et de sa barbarie.
Pour ma part, je suis ravie d’avoir quarante ans, pour rien au monde je ne voudrais rajeunir et je n’aurais pas craché sur une vingtaine de plus histoire d’approcher la porte de la sortie.
Malheureusement on ne peut pas tout avoir dans la vie.
Je suis triste et encore c’était pire par le passé.. Aujourd’hui je suis surtout dégoutée et pour moi la vie ne vaut même pas l’aile d’une mouche pour reprendre je ne sais quel verset du Coran.
Je ne suis pas amère, ni aigrie, je n’en veux à personne, je suis juste fatiguée. Et même si à l’extérieur on voit une femme dynamique vivante battante, ne se laissant pas aller et faisant plus jeune que son âge –on me l’a si souvent dit-, il n’en reste pas moins qu’au fond de moi je me vois comme mes défunts voisins : une femme vieille tellement vieille et qui n’en finit plus de vieillir.
Je ne fête pas mes anniversaires mais depuis quelques années je me rappelle toujours avec satisfaction avoir vieilli d’une année. Au regard de la médecine je suis une survivante mais moi j’ai cessé de croire à leurs prédictions car je trouve cela trop beau pour être vrai.
Non je ne suis pas satisfaite d’avoir échappé à la mort mais plutôt de l’avoir approchée de 365 jours ce qui est quand même mieux que rien. Comme quoi il ne suffit pas d’être mourante et de convoiter la mort pour qu’elle soit là.
Harlinah (Montri la profilon) 2013-junio-29 12:28:01
Pour ma part je parle de la mort comme de la météo et j’estime qu’elle n’est cruelle que pour les survivants.
Un ami a perdu sa mère. C’est pour lui et pour son père que c’est dur et non pas pour elle qui en a fini avec les misères de la vie dont la surdité puisqu’elle était en passe d’être sourde.
J’ai dit à mon ami : toi tu vas devoir vivre avec le souvenir d’un être cher qui n’est plus et cela est l’une des plus grandes cruautés de cette existence. Mais rassure-toi, tu n’es pas eternel.
Quant à ta mère ne t’en fais pas, dis-toi que la mort lui a évité de connaitre le calvaire de la surdité et lui a épargné d’autres supplices dont toi et moi n’avons même pas idée.
Je sais pertinemment que ce discours pourrait paraitre macabre et brutal pour beaucoup , heureusement mes amis ont la cuirasse solide et je me demande si ce n’est pas la raison pour laquelle je n’en ai que trop peu. Néanmoins, ce n’est que la vérité et je ne vais pas m’embarrasser de diplomatie pour l’énoncer surtout que la vérité s’en contrefiche de la diplomatie et ne se fait belle pour personne.
Il n’est pas question de me suicider car je ne peux pas faire cela à mes parents et je suis prisonnière de croyances qui me l’interdisent.
Ce qui m’échoit je dois le vivre que cela me plaise ou non. Et cela ne me plait pas car je suis comme tant d’autres, réduite à subir plutôt qu’à être maitresse de mon destin mais comme tout le monde je n’ai rien choisi.
Du reste je ne sais pas pourquoi je vis ça et suis complètement agnostique par rapport à la réincarnation et au karma, mais si je suis entrain de payer ce que j’ai fait dans des vies passés alors il est vain de se suicider car vouloir échapper à la vie serait comme vouloir échapper à la mort. Et enfin, si j’ai été un monstre dans une autre vie, eh bien ce n’est que justice et je peux m’estimer heureuse si je réussis à tout payer en une vie.
La sérotonine ne peut rien car celle-ci ne pourra pas formater ma mémoire.
Et même si je suis plutôt une experte en oubli, je n’oublie jamais ce qui m’a transperce le cœur.
Par exemple je n’oublierai jamais cette femme tétraplégique à l’hôpital.
A l’époque je vivais moi-même un calvaire : suite à une implantation ratée une brèche s’est ouverte dans le cerveau et je perdais constamment du liquide cephalo rachidien.
J’ai donc été hospitalisée pour une quatrième opération en moins de 6mois.
Je me suis retrouvée dans une très grande chambre aérée où nous étions quatre femmes.
Deux d’entre elles étaient là pour une petite opération. Elles recevaient de la visite tous les jours et leurs conjoints leur tenaient compagnie pendant plusieurs heures.
Bref c’étaient des femmes menant une vie normale : une vie avec ses hauts et ses bas. Et ma foi c’est tant mieux. J’espère juste que cela durera.
Harlinah (Montri la profilon) 2013-junio-29 12:30:39
Malheureusement même dans l’horreur il y’a des échelons.
Je suis sourde mais la dame en face était paralysée. Quatre fois par jour on venait la langer comme un bébé.
Imaginez une femme qui menait une vie tout ce qu’il y avait de plus normal. Elle avait un travail, un foyer, un conjoint et deux enfants. Elle avait aussi sa pudeur et sa dignité. Et en un clin d’œil elle a tout perdu.
Agée de 60ans, on lui donnait très facilement 15 de moins, preuve qu’elle venait d’un milieu aisé lui ayant permis d’être aussi bien conservée.
Et puis un jour elle est tombée d’un tabouret et s’est cassé la colonne vertébrale.
Depuis, elle vit seule à l’hôpital et doit se contenter de la visite de ses deux enfants qui viennent la voir chaque samedi et qui restent 20 minutes montre en main.
Elle avait 60ans a vécu toute sa vie en France mais manifestement elle était comme moi qui venais à peine d’arriver. Elle n’avait ni amis ni famille, quant à son conjoint je ne l’ai jamais vu. Un des avantages du malheur c’est qu’à travers lui vous découvrez ce que vous valez vraiment.
Je suis sourde et c’est épouvantable.
Mais moi j’ai des jambes qui peuvent me porter où je veux. Je peux notamment faire la fine bouche devant la nourriture de l’hôpital et dire au personnel dans un moment de colère que celle-ci est infecte !
Elle par contre ne peut pas jouer les pourries gâtées. Elle mange tout et va jusqu’à lécher l’emballage !
Et quand je lui demande si elle veut que je lui apporte un café, mon cœur se serre de voir son visage s’illuminer à la perspective d’ingurgiter le breuvage insipide de la cafétéria.
Elle ne faisait même pas la cinquantaine mais peut être qu’aujourd’hui après ce qu’elle a dû vivre elle en fait 90.
Et le plus cruel c’est de ne pas avoir 90ans.
Cela ne me gênerait pas de paraitre 90 ans si seulement je pouvais les avoir car alors ma liberté ne serait plus lointaine.
La mère de mon ami ne vivra jamais cela et vous comprendrez pourquoi je vois la mort comme une bénédiction.
Et cela n’est qu’un exemple parmi les dizaines d’atrocités qu’il m’a été de voir.
Croyez-moi j’ai vu des gens vivre l’indicible et malheureusement je ne peux garantir à personne qu’il sera épargné.
Il n’y a qu’une chose qui rendra la vie non pas plus agréable (cela est impossible) mais juste plus supportable.
Etre utile, vivre une vie qui a du sens.
Parce que pour le moment tout ceci me parait tellement absurde.
Harlinah (Montri la profilon) 2013-junio-29 12:35:48
Pour ma part c’est impossible, impossible quand nos parents nous manquent aussi cruellement alors même qu’on les voit vieillir et qu’on sait qu’ils nous quitteront tôt ou tard.
Le jour où je les enterrerai je serai doublement meurtrie car voyez vous ça fait déjà plus de 10 ans que je les ai enterrés partiellement. Quand je serai à leur chevet je ne pourrai même pas leur parler pour leur dire au revoir et merci pour tout ce qu’ils ont fait. Ce que j’ai dit d’ eux ici, ils ne le sauront jamais parce qu’en plus d’avoir une fille sourde, ils ont aussi le malheur de ne connaître qu’une langue orale.
Nous en revenons au sujet de ce fil : non toutes les langues ne se valent pas et j’aurais été beaucoup moins triste si mes parents connaissaient une langue écrite.
Ils n’ont aucune idée de la gratitude que j’ai pour eux et de tout ce que je leur dois.
Je ne pourrai pas non plus entendre leur voix et leurs paroles une toute dernière fois !
Pour moi mourir à quarante ans sans avoir enterré les miens c’est un luxe même quand c’est la forme olympique. Il y a de cela 7ans, les médecins m’avaient dit que j’allais mourir dans un délai de 5 ans et pendant 3 ans je vous avoue que j’ai vécu dans l’euphorie et l’insouciance la plus totale. Pour moi c’était déjà le paradis. Mais aujourd’hui à mon grand dam je sais que les médecins se sont trompés.
L’égoïsme de la chose est l’une des raisons qui m’empêchent de passer à l’acte.
Vous savez, cet acte qui tue trois fois plus que les accidents de route : le suicide.
Les psys me fatiguent et m’ennuient. Je comprends leur utilité quand il s‘agit de schizophrènes d’autistes, de fous et de gens violents. Mais dans mon cas ils sont complètement inutiles.
Eux pas plus que la sérotonine ne m‘empêcheraient de me tuer. L’amour des mes parents et ma conscience voila les seuls qui me commandent et font que je ne pourrai jamais faire ça.
Je suis triste, immensément triste d’être sourde, de ne plus pouvoir parler à mes parents, de ne plus entendre la musique, de ne pas pouvoir entendre mes neveux. La sérotonine et les psy ne peuvent rien contre cela. Ils ne peuvent rien non plus contre ce que j’ai vu et qui aujourd’hui fait que je suis écœurée de la vie. Je suis l’otage de mon handicap et de ma mémoire. Et probablement le serai-je à perpétuité.
Comme je l’ai dit à une amie, on ne s’interroge pas sur le désarroi d’un condamné à perpétuité, perpétuité qui soit dit en passant est tellement mais tellement pire que la peine de mort.
Harlinah (Montri la profilon) 2013-junio-29 12:48:44
Je me fiche de tout cela car j’ai atteint un stade où tout m’est égal : on ne m’aime pas ? Voila qui me fait une belle jambe! Je leur suis insignifiante ? C’est on ne peut plus réciproque!
Il n’y a pas grand monde qui m‘intéresse, ils peuvent disparaître de la surface de la terre que je ne le remarquerai même pas. Je suis même prête à m’exiler sur une ile déserte pourvu que je puisse faire ce qui me plait et avoir ce dont j’ai vraiment besoin : les autres je n’en ai pas vraiment besoin sauf ceux que j’aime déjà.
Ce qui me consume et fait mon désarroi c’est de ne plus pouvoir faire ce qui m’est si important : parler à mes parents et écouter la musique. On peut se passer de sport, d’amour, de sexe de ce que vous voulez mais on ne peut pas se passer de musique et je n’ose même pas imaginer ce qu’a vécu Beethoven !
Comme je l’ai dit à un ami : pour une oreille, une seule oreille, je donnerai volontiers le goût, l’odorat, le toucher, mon utérus et les hommes pour quatre vies .
Je n’ai rien contre les hommes ni contre les femmes. C’est juste que je préfère mes oreilles ;
Or c’est précisément ce que je n’aurai jamais à moins d’un miracle. Comment voulez-vous que je ne sois pas triste ? C’est déjà un miracle que je continue sur terre.
Mais quand on vient me dire que l’amour est ce qu’il y’a de plus important, je souris de compassion face à tant de naïveté. Comment l'amour peut-il espérer rivaliser avec la liberté? Surtout cet amour là?! Celui pour lequel ils ont poussé le ridicule jusqu’à lui consacrer une journée appelée la Saint Valentin. Un attrape-nigauds commercial par excellence. Comment peut-on etre aussi aveugle aussi naïf?
Et ma sidération fait place à l'hilarité quand je me rappelle les propos d'Albert Cohen qui ne se console pas d’avoir perdu sa mère, cette femme qui lui a consacré sa vie et à laquelle il a souvent préféré ses « Atalantes ». Et des Atalantes , des nymphes, des Diane, Dieu sait qu'il en a eu beaucoup.
Ce monsieur a écrit un livre magnifique que je relis de nouveau le cœur serré et moi je n’ai pas besoin d’avoir enterré ma mère pour pleurer. Ceci d’autant plus que la femme qu’il décrit ressemble tellement à ma propre mère.
Madame Cohen était une orientale qui faisait tout pour servir son fils et qui essayait de ne pas l’embarrasser devant ses amies occidentales.
Elle non plus n’a pas eu de vie, ou plutôt l’a-t-elle donnée à son fils qu’elle adulait.
Il regrette amèrement le temps qu’il n’a pas passé auprès de sa vieille mère et qu’il a préféré consacrer aux Atalantes, ces Atalantes qui ne l’auraient jamais regardé si seulement il avait perdu son nez comme il le reconnaît à juste titre ;
J’hallucine qu’on puisse à ce point idéaliser un sentiment qui n’a rien d’un idéal et qui est à l’altruisme ce qu’est le Mac do à la gastronomie!